Gone Clear incarne la quintessence du reggae et du groove, une création unique signée Manu Dibango. Après un séjour au Nigeria et une tournée mémorable avec l'Orchestre de la radio-télévision ivoirienne, le saxophoniste camerounais a posé pour la première fois ses pieds à Kingston, en Jamaïque, en 1976. Situé à quelques pas de la demeure de Bob Marley (avec qui il prenait le temps de saluer chaque jour sur le chemin du studio en lui disant un chaleureux "Bonjour !"), Manu Dibango a enregistré cet album emblématique dans les mythiques Dynamic Sounds Studios, accompagné par une élite de musiciens de l'époque tels que Robbie Shakespeare et Sly Dunbar, Randy et Michael Brecker, Lou Marini, et bien d'autres. À travers cet album 100% roots, une ambiance légère et positive se dégage, loin des textes engagés habituels. Le reggae de Manu vous invite à vous détendre et bénéficie du soutien efficace d'une chorale. Comme la plupart de ses albums, la musique de Manu Dibango est un mélange harmonieux d'influences africaines, jamaïcaines et américaines, fusionnant le reggae avec une touche dansante de funk, comme on peut le constater dans des titres tels que Goro City et Happy Feeling. La cerise sur le gâteau est le succès retentissant de "Soul Makossa", samplé sans autorisation par Michael Jackson et Rihanna quelques années plus tard, et réarrangé dans une version caribéenne plus lente, rebaptisée "Reggae Makossa". Ce qui mérite une véritable reconnaissance ici, c'est la capacité de Manu Dibango à composer du reggae en respectant la tradition tout en y apportant sa touche personnelle. Cette empreinte se retrouve également plus tard dans l'album Cubafrica, où Manu a eu le privilège de collaborer avec les meilleurs musiciens cubains, tels que le Quarteto Patria, pour offrir un album afro-cubain d'une qualité exceptionnelle, ajoutant ainsi un nouveau joyau à sa fabuleuse discographie.