Oxmo Puccino a véritablement maîtrisé l'art de ralentir le tempo. Son dernier album, murmuré et élaboré pendant plusieurs années après une période frénétique de concerts et d'albums, offre une lenteur et une langueur que peu de rappeurs français pourraient se permettre. L'introduction de l'album, "Le droit de chanter", se déroule à un rythme très calme sur plus de trois minutes, évoquant ces airs afro-cubains chantés par des grands-pères tortues à l'heure de l'apéritif. "La nuit du réveil" est un disque plus précieux qu'excitant. Dans la continuité de ses œuvres précédentes, il crée un espace d'intelligence et de réflexion où les mots et les valeurs s'entrecroisent, tout en dégageant une forme de beauté tranquille. C'est un album à la fois généreux, empreint de grâce et souvent prévisible, précis et séduisant, mais parfois lourd à porter dans sa durée. Oxmo Puccino incarne le rappeur adulte qui justifie la présence de tous les autres, il est essentiel pour se ressourcer entre deux attractions contradictoires, une perle rare dans un monde ordinaire, une exception française.